Chers Blue Jays, chères Canadiennes et chers Canadiens,
Je vais être franc. En 1993 je n’étais pas un amateur de baseball. J’avais 18 ans, je pensais plus à Doom qu’aux moyennes au bâton et mon idée d’une bonne soirée ne parlait pas de balles volantes. Mais quelque chose a changé ces dernières semaines. Je vous ai regardés jouer avec tout ce que vous aviez. J’ai vu tout un pays se pencher vers l’avant, retenir son souffle ensemble. Et en 11e manche, quand tout s’est joué à un seul point, je l’ai senti. Nous l’avons tous senti.
Celle-ci a fait mal. Surtout après le chagrin d’Edmonton en finale de la Coupe Stanley. On a l’impression d’être si près, de frapper à une porte qui ne veut pas s’ouvrir. Cette accumulation de « presque » finit par peser lourd.
Mais voici ce que j’apprends pendant mon doctorat en psychologie du counseling. La perte et la déception n’effacent pas ce qui s’est bâti en chemin. Vous nous avez donné quelque chose dont nous avions besoin. Vous nous avez rappelé de quoi nous sommes capables quand on se soutient. Vous avez joué avec ❤️, avec courage et sans lâcher. Vous avez transformé un spectateur redevenu fan en quelqu’un qui se souciait de chaque lancer, de chaque présence au bâton, de chaque moment.
J’étudie comment on guérit et comment on traverse les passages difficiles. Et je sais une chose. La résilience ce n’est pas ne jamais tomber. C’est ce qu’on fait après. C’est reconnaître que les revers, même douloureux, font partie d’une histoire plus longue.
Je construis en ce moment un réseau social pour le Canada. Certains jours cela semble impossible. Les défis techniques, les ressources nécessaires, le poids de vouloir créer quelque chose d’utile pour notre pays. Par moments je me demande si je suis fou. Puis je me rappelle que les choses importantes prennent du temps. Bâtir quelque chose qui en vaut la peine demande patience, persévérance et la volonté d’apprendre en trébuchant. Ce que vous avez fait dans cette série et ce que vous bâtissez comme équipe, c’est la même démarche. Cette défaite n’annule pas la base déjà posée.
Les enseignements reçus des Premières Nations me rappellent que tout va par cycles. Les saisons changent. Ce qui semble impossible aujourd’hui devient possible demain. Nous vivons une période d’incertitude. Les tensions avec nos voisins du sud, ou même dans l’abri adverse, peuvent nous faire douter de notre place et de notre voix. C’est précisément là qu’il faut se rappeler qui nous sommes.
D’ici l’an prochain cet espace sera prêt. Un endroit où les Canadiennes et les Canadiens pourront se retrouver, s’entraider et encourager cette équipe sans interférence. Où nos histoires nous appartiennent. Ce ne sera pas parfait mais ce sera à nous. Et je crois vraiment que vous serez de retour. Plus forts. Plus futés. Prêts.
À la saison prochaine.